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La Bibliothèque Idéale (1/3) de Alain-Fournier à Eluard – ADIEUcourtier.com

La Bibliothèque Idéale (1/3) de Alain-Fournier à Eluard

Le choix d’un livre est une élection. Il part d’un goût pro­fond. Comme dans tous les Arts — ces amitiés spirituelles — on cherche dans le livre une intime ressemblance. Au moins, une correspondance. Mais il en va d’une bibliothèque comme d’un bâtiment : avant de l’édifier, il faut lui garantir des bases solides. Puis la développer, l’agrémenter, l’enrichir, au gré de l’humeur et des vogues.

Notre propos est de vous conduire vers quelques-uns des sommets — les plus accessibles — de la Littérature. Ces œuvres ont résisté au temps. Mieux : elles y ont pris leur dimension. Un résumé bref, une courte biographie parfois, vous éclaireront à la fois sur l’auteur et le livre. Mais seule la lecture de l’ou­vrage vous révélera son univers propre.

Volontairement, nous avons exclu, ici, les œuvres contem­poraines des écrivains vivants. Mises en lumière par l’actualité, le soin vous reste de les découvrir, de les adopter. Les nou­veaux sommets font, précisément, le vaste paysage de la Litté­rature.


LE GRAND MEAULNES

Alain-Fournier (1886-1914).

Écrivain français. Ce roman unique d’Alain-Fournier a exercé une grande influence sur les lettres françaises. C’est un livre singulier, par la poésie intense qu’il dégage et par la féerie du paysage qui enveloppe l’action. L’histoire se situe en Sologne, dans les vapeurs mauves des bruyères. Nous assis­tons à l’arrivée d’Augustin Meaulnes dans- la petite école du village. Le narrateur le surnomme aussitôt « le grand Meaulnes », car, dit-il, il « m’a enlevé à tous ces plaisirs d’enfant paisible ». Meaulnes est un visionnaire à la manière des poètes. Il confie au narrateur qu’un soir, perdu dans un coin de Sologne, il pénétra dans un château de légende. Là, il vit les préparatifs du mariage d’une mystérieuse jeune fille, auxquels s’activaient d’étranges personnages. Le fiancé, Frantz de Galais, errait, soucieux, dans les salons et, en effet, la jeune fille ne vint pas et la fête s’acheva tristement pour tous, dans le désespoir pour Frantz. Augustin, circulant aux alentours, fit la rencontre d’une merveilleuse personne. C’était Yvonne de Galais, la sœur du fiancé. De retour à l’école, Augustin Meaulnes est poursuivi par cette vision. Il n’a plus qu’un désir : revoir cette jeune fille. Un jour, apprenant qu’Yvonne de Galais se trouve à Paris, il va l’y chercher. Mais en vain. C’est un ami qui favo­risera la rencontre des deux jeunes gens. Augustin et Yvonne se marient. Le soir même du mariage, Frantz de Galais — le frère d’Yvonne — vient demander l’aide d’Augustin : il faut que celui-ci l’accompagne à la recherche de sa fiancée perdue. Les deux jeunes gens partent ensemble le lendemain. C’est à Paris qu’Augustin Meaulnes retrouve la fiancée de Frantz de Galais, Valentine. Au premier regard, ils s’éprennent l’un de l’autre. Pour Augustin, cet amour est défendu : Valentine est promise à Frantz. Ne pouvant faillir à l’honneur, Meaulnes réunit les fiancés et, déchiré, rentre chez lui. Il y apprend la mort de sa femme. Il emporte la petite fille qu’elle lui a laissée et part vers l’inconnu. Plus qu’un roman, Le Grand Meaulnes est le merveilleux poème d’un amour éternel et impossible.


LA DIVINE COMÉDIE

Dante Alighieri (1265-1321).

Poète italien, né à Florence. L’auteur de La Divine Comédie est — en date — le premier écrivain d’expression italienne. A cette époque, l’italien était une langue très proche du latin et non encore fixée.

Parmi les poètes qui ont précédé Dante, on trouve un trou­badour provençal, Raimbaut de Vaqueiras, qui fut le premier à marquer le XIIe siècle italien de ses poésies dont certaines furent écrites en dialecte génois, et des moines franciscains, parmi lesquels saint François d’Assise, dont les écrits sont uni­quement d’inspiration religieuse. L’avènement d’un des plus grands poètes de tous les temps, dans un pays où la langue était encore mal formée, est donc un fait capital. La Divine Comédie est l’un des plus grands chefs-d’œuvre jamais conçus par un poète. Elle se divise en trois parties :

1°) L’Enfer, composé de neuf cercles. L’auteur s’imagine arrivé à mi-chemin de sa vie. Perdu au cœur d’une forêt, il y rencontre Virgile — un des poètes latins les plus prisés au Moyen Age — qui guidera ses pas. L’enfer ressemble à un entonnoir enfoncé au centre de la terre. En y descendant, Dante y découvre tous ceux qui ont accompli des méfaits au cours de leur existence terrestre et subissent des châtiments. Au seuil de cet horrible gouffre, ces mots désespérés sont gravés : « Vous qui devez entrer, laissez toute espérance ! Le premier cercle de l’enfer est peuplé d’athées. Le second offre à Dante la rencontre émouvante de Francesca da Rimini qui, ayant aimé le frère de son époux, fut tuée par celui-ci dans un accès de jalousie. Le troisième cercle réunit les gour­mands et les ivrognes qui se gorgent, ici, de boue et d’eau nauséabonde. Les avares et les prodigues sont assemblés dans le quatrième cercle, et les colériques dans le cinquième. Des flammes immenses cernent les murailles des sixième et septième cercles : là se trouvent les usuriers, les hérétiques. Les hui­tième et neuvième cercles sont les « antres maudits » qu’oc­cupent les criminels, les traîtres, parmi eux : Caïn et Judas.

2°) Le Purgatoire. Toujours accompagné de Virgile, Dante parvient à une île située au cœur de l’Océan. Au sommet d’une montagne qui domine cette île se trouve le purgatoire, Sept cercles le composent. Et là, selon leurs méfaits, crou­pissent les repentis. Voici donc les envieux, avec leurs yeux cousus ; les colériques, entourés d’une épaisse vapeur : les paresseux engagés dans une course perpétuelle ; les avares, face contre le sol ; les gourmands entourés de choses exquises qu’ils ne peuvent atteindre. Tous ces repentis expient temporairement leurs fautes et regardent le sommet de la montagne où se trouve la sortie qui s’ouvre vers le ciel.

3°) Le Paradis. Ici, Dante se sépare de Virgile. Celui-ci, qui est païen, ne peut l’accompagner au royaume de Dieu : c’est la belle, la généreuse Béatrice qui lui succède auprès du poète. Béatrice fut le grand amour de Dante lorsque celui-ci, âgé de neuf ans, la rencontra sur son chemin. Cette passion si grande et si pure allait durer jusqu’au dernier souffle du poète : c’est pourquoi Dante imagine Béatrice l’accompagnant au paradis, où des sphères et des planètes composent les sept cieux. Dante y rencontre les bons princes, les docteurs de l’Église et ceux dont l’amour terrestre s’est changé en amour divin. Dans la sphère des étoiles, le poète découvrira l’image de Jésus-Christ, triomphant, entouré d’une légion d’anges. Cette vision éblouissante le foudroie. Ainsi s’achève La Divine Comédie.


Alcools

Guillaume Apollinaire (1880-1918).

Poète français. Un des poètes les plus purs, le descendant le plus direct de Ronsard et Villon. Parus en 1913, ces poèmes, réunis sous le titre Alcools, à la fois graves et empreints de fantaisie, firent la gloire d’Apollinaire. Soulignons la fluidité et la nostalgie dans ce poème où l’auteur, penché sur la Seine, évoque ses amours :

Sous le pont Mirabeau coule la Seine
Et nos amours
Faut-il qu'il m'en souvienne
La joie venait toujours après la peine
Vienne la nuit sonne l'heure
Les jours s'en vont je demeure.

La Comédie Humaine

Honoré de Balzac (1799-1850)

Écrivain français. Tout écrivain moderne se reconnaît un maître : Balzac. On a souvent dit que, s’il n’y avait eu Balzac, Hugo n’aurait peut-être pas écrit Les Misérables. Aussi, voici l’hommage que Victor Hugo prononça à la mort de l’auteur de La Comédie humaine : « Il arrache à tous quelque chose, aux uns l’illusion, aux autres l’espérance, à ceux-ci un cri, « à ceux-là un masque. Il fouille la vie, dissèque les passions. « Il creuse et sonde l’âme, le cœur, les entrailles, le cerveau, « l’abîme que chacun a en soi. Voilà l’œuvre qu’il nous laisse, « œuvre haute et solide, robuste entassement d’assises de granit, « monument ! Œuvre du haut de laquelle resplendira sa renommée ». — Cette œuvre, Balzac projetait de l’accomplir en 143 ouvrages. La Comédie humaine, disait-il, était une « concur­rence à l’État Civil ». La mort l’interrompit : il laissait 95 livres écrits en moins de vingt ans. Cet immense édifice, Balzac, en architecte, le construisit par paliers. Six divisions, — compor­tant des subdivisions —l’avaient pour but de maîtriser, d’endiguer, le déferlement torrentiel de son génie créateur. Et cepen­dant, malgré les séries distinctes, ce sont les mêmes personnages qui circulent dans ces divers romans. Ils s’y côtoient, se perdent, se retrouvent, se croisent, à travers leurs évolutions dans le temps. A tous les degrés de l’échelle sociale, établis en pro­vince ou à Paris, ils sont réunis par les trames mystérieuses du destin. C’est sans aucun doute, ce qui donne à La Comédie humaine son poids de vie. Ce « retour des personnages », Balzac en eut l’idée en écrivant Le Père Goriot. Ébloui à l’idée de bâtir un monde où des êtres évolueront et se reconnaîtront comme dans notre monde réel, il reprend ses romans anciens et en change tous les noms : une fois pour toutes il campe, décrit minutieusement, baptise ses personnages. La Comédie hu­maine, dans son ensemble, — et telle que Balzac la conçut —comprend donc six parties : Scènes de la vie privée, Scènes de la vie de province, Scènes de la vie parisienne, Scènes de la vie politique, Scènes de la vie militaire, Scènes de la vie de campagne, suivies des Études philosophiques et des Études analytiques. Voici un bref résumé du Père Goriot plus haut mentionné. Ce roman fait partie de la série Scènes de la vie privée. L’action se situe dans une pension de famille, la Pension Vauquier située au Quartier latin. A la table d’hôte se retrouvent des êtres divers : voici Rastignac, ce jeune ambi­tieux « monté à Paris » pour y réussir, et Vautrin, — un deus ex machina qui a promis la gloire à Rastignac, — et voici, enfin, ce Père Goriot venu de sa province avec son maigre bien pour faire plaisir à ses deux filles, Delphine et Anastasie. Cette œuvre s’articule sur l’immense amour paternel du Père Goriot qui, pour assurer de brillants mariages à ses enfants, se dépouil­lera totalement. Il butera contre l’égoïsme, d’abord, puis contre l’horrible ingratitude de Delphine et d’Anastasie. Riches, adulées, somptueusement parées, elles iront jusqu’à avoir honte de ce père qui s’est entièrement démuni pour elles. C’est l’excès même de la passion pour ses filles qui a fait le malheur du Père Goriot. Ce livre refermé hantera toujours le lecteur. Cette Pension Vauquier a la réalité des lieux qui existèrent vraiment, car Balzac a décrit une pension de famille authen­tique en ne changeant que le nom. Ces lieux et ces person­nages, cette misère et ces fastes, deviennent plus qu’un sou­venir de lecture : des instants vécus.


LES FLEURS DU MAL

Charles Baudelaire (1821-1867).

Écrivain et poète français. Victor Hugo dit de lui : « Baude­laire a apporté à la poésie un frisson nouveau. » Plus près de nous, André Gide, à qui l’on demandait quel était, d’après lui, le plus grand poète de la littérature française, devait répondre : « Victor Hugo, hélas!… » pour ajouter aussitôt : « Pourtant, si l’on mettait, d’un côté de la balance, l’œuvre considérable de Hugo et, de l’autre côté, le mince volume des Fleurs du mal, je crois bien que le plateau pencherait du côté de Baudelaire. » Poète de l’angoisse, du spleen, Baudelaire a mis à nu son cœur dans ses poèmes. Il jette à la face du « lecteur hypocrite » cette brassée de fleurs hérissées d’épines déchirantes qu’il a cueillies dans les misères de la vie. Par une pudeur offensée, les contemporains du poète firent juger et condamner plusieurs pièces des Fleurs du mal dont l’harmonie et la beauté étrange ne furent point immédiatement appréciées. Ce sont les corres­pondances — « les parfums, les couleurs et les sons se répondent » — qui forment l’essentiel de l’univers baudelairien. L’évocation se touche, se respire, se matérialise. Écoutons plutôt l’admi­rable début de L’Invitation au voyage :

Mon enfant, ma sœur,
Songe à la douceur
D'aller là-bas vivre ensemble !
Aimer à loisir,
Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble !
Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traîtres yeux
Brillant à travers leurs larmes.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

LE MARIAGE DE FIGARO

Pierre Augustin Caron de Beaumarchais (1732-1799)

Écrivain français, né à Paris. La vie de Beaumarchais res­semble étrangement à celle de son héros, Figaro. Il traitait avec le même brio ses affaires de cœur, d’argent et de famille. Comme Figaro, Beaumarchais était une sympathique canaille, bavard, menteur, spécialiste de l’intrigue et du scandale. Mais, surtout, il était un merveilleux homme de théâtre. Succédant à Molière, il fut le premier à comprendre qu’il fallait mettre du « mouvement sur la scène ». Le Mariage de Figaro, en effet, court, vole et nous emporte dans son tourbillon. L’in­trigue, elle-même, est mince : nous y voyons Figaro, un turbu­lent valet, au service du comte Almaviva. Ce personnage fré­tillant est sur le point d’épouser la camériste de la comtesse, la belle Suzanne, mais il est poursuivi par une créancière exi­geante : la vieille Marceline, qui s’occupe aussi du château, Marceline persécute Figaro et lui rappelle sa promesse : il avait signé un billet attestant que « s’il ne pouvait rembourser Marceline, il la prendrait pour épouse », Figaro fait la sourde oreille. De son côté, le comte Almaviva est très attiré par Suzanne. Il accepte qu’elle épouse Figaro, à une condition : elle doit, d’abord, se donner à lui. Le comte entend, ainsi, exercer le « droit de cuissage » d’usage chez les seigneurs. Mais Suzanne, qui aime Figaro, ne veut pas se soumettre au comte. Elle rapporte ces faits à la comtesse et à Figaro. Tous trois jurent de se venger. Soudain, un petit page, Chérubin, pénètre chez la comtesse, se jette à ses pieds, lui avoue son amour. Le comte surprend la fuite de Chérubin, et se croit atteint dans son honneur. Jaloux, il pense que Figaro a favorisé la réunion de Chérubin et de la comtesse. Il jure aussi de se venger, Comment ? En obligeant Figaro à tenir sa promesse : c’est Marceline qu’il doit épouser, en règlement de sa dette, et non Suzanne. Mais tout finira le mieux du monde. La jalousie a ravivé l’amour du comte pour son épouse, et l’on découvrira que Figaro est le fils (volé à sa naissance) de la vieille Mar­celine. C’est dans l’euphorie générale que se célèbrent les noces de Figaro et de la vertueuse Suzanne.


JANE EYRE

Charlotte Brontë (1816-1855)

Femme de lettres anglaise. A la même époque, sa sœur, Emily, publie Les Hauts de Hurlevent, qui ne devait pas connaître un succès immédiat, contrairement à Jane Eyre. Il s’agit de l’histoire d’une fillette élevée dans un orphelinat. A dix-huit ans, elle est placée comme gouvernante dans la riche demeure de M. Rochester. Le maître de maison est beau et ténébreux. Bientôt, il est séduit par la grâce de la jeune gou­vernante. Il s’éprend d’elle et lui demande sa main. La sombre bâtisse s’éveille au bonheur. Mais Jane, incidemment, découvre que Rochester est déjà marié. Sa femme, qui a perdu la raison, est cloîtrée au fond de la maison. Désespérée, Jane s’enfuit à travers la lande : Un pasteur l’y découvre, inanimée. Il l’em­porte chez lui et la soigne. Jane, convalescente, est touchée par la pure tendresse que lui manifeste le pasteur. Elle est sur le point de l’épouser quand elle apprend soudain que Rochester est devenu aveugle en essayant de sauver sa femme qui, dans une crise de folie, a incendié la maison. Ce n’est donc pas le bourreau que Jane avait imaginé. Au péril de sa vie, il s’était élancé dans les flammes pour sauver la démente. Jane accourt auprès de lui. Elle n’a jamais cessé de l’aimer. Elle l’épouse et remplacera désormais son regard perdu.


LES HAUTS DE HURLEVENT

Emily Brontë (1818-1848)

Femme de lettres anglaise. Ce roman est l’un des plus fasci­nants de la littérature anglaise du XIXe siècle. L’histoire se déroule dans la région du Yorkshire. C’est dans ce pays agité de tempêtes que vécurent les sœurs Brontë, Émily, Charlotte et Ann — toutes trois écrivains. Le roman débute par l’adop­tion de Heathcliff — un enfant de bohémiens —, recueilli par un riche propriétaire campagnard, M. Earnshaw. Celui-ci l’élève avec ses propres enfants : Catherine et Hindley. Heathcliff et Catherine sont de bons petits compagnons de jeu, alors que, avec mépris, Hindley tient à distance ce fils de bohémiens. A la mort de M. Earnshaw, Hindley, devenu le maître de céans, chasse Heathcliff de la table familiale. Il l’astreint aux travaux domestiques et lui fait subir toutes sortes d’humiliations. Heathcliff n’est plus un enfant et l’amitié qu’il portait à Catherine s’est muée en un amour violent. Un jour, il surprend les propos que Catherine tient sur lui : elle ne consentira jamais, dit-elle, à l’épouser car ce n’est qu’un domes­tique. Ulcéré, il quitte la maison. Il y revient, trois ans plus tard, fortune faite, et se croyant assez riche pour prétendre à la main de Catherine. Mais celle-ci n’est plus libre : elle a épousé un jeune homme de sa condition. Alors Heathcliff s’acharne à détruire son foyer et recueille, pour le faire souffrir, le fils de Hindley. Ce sont finalement les descendants de M. Earnshaw qui subissent la vengeance implacable de celui qui a été humilié.

Heathcliff se met dans la tête d’unir à un fils anormal qu’il a eu d’un récent mariage la charmante fille de Catherine, morte en mettant l’enfant au monde. Pourtant, la revanche de Heathcliff ne sera pas consommée car la petite Cathy (la fille de Catherine) échappera à la fatalité d’une existence partagée avec un idiot. Son mari mourra et elle tombera amoureuse du jeune Hareton, le fils de Hindley, martyrisé par Heathcliff. La force de ce jeune amour aura raison de la méchanceté d Heathcliff et redonnera la vie à la maison des Earnshav.


LA VIE EST UN SONGE

Pedro Calderôn de la Barca (1600-1681)

Poète dramatique espagnol. Comme Lope de Vega, son illustre aîné, Pedro Calderon de la Barca embrassa la carrière militaire, s’illustra dans les combats, et, après une vie mou­vementée, se réfugia dans les Ordres. La popularité lui vint dès ses plus jeunes années, à l’occasion d’un concours littéraire gagné. Lope de Vega le félicita publiquement de « récolter dans ses jeunes années les lauriers que le temps n’accorde, d’ordi­naire, qu’aux cheveux blancs ». Écrire était l’ambition suprême de Calderôn. Devenu ecclésiastique à l’âge de cinquante ans, il achèvera pacifiquement une œuvre considérable dans les silences du couvent. Auteur très fécond — comme la plupart des écrivains dramatiques espagnols Calderôn laissa plus de
cent vingt drames et comédies, et presque autant d’œuvres reli­gieuses. La vie est un songe, drame en cinq actes, développe un thème cher à Calderôn. Pour lui, nous ne faisons que « rêver la vie », car nous sommes impuissants à la considérer objective­ment. Ce sont nos illusions qui donnent aux événements, aux êtres et aux choses, des couleurs fausses. Cette pièce de théâtre met en scène un roi de Pologne, Basile, qui confie sa destinée aux étoiles. Il met toute sa foi dans l’astrologie. Un jour, la carte du ciel lui prédit qu’il sera chassé par son propre fils, Sigismond, qui usurpera son trône. Pour parer à la terrible menace, le roi Basile fait enfermer Sigismond dans les caves obscures d’un lointain château. Le jeune homme croit perdre la raison : les chaînes, la solitude inhumaine du cachot lui sont insupportables. De loin en loin, il reçoit la visite clandestine de la belle et tendre Rosaura. Un jour, pourtant, le jeune Sigis­mond est ramené au palais sur l’ordre de son père. Le prince exige réparation : il tue les courtisans de son père, et menace aussi d’attaquer celui-ci. Tant de fureur épouvante le souve­rain. Il en vient à penser que les astres lui avaient bien prédit la vérité. Il fait cloîtrer à nouveau son fils. Le jeune prince retrouvant ses chaînes se demande s’il a vécu ou rêvé son retour au palais. Pendant ce temps, le roi Basile désigne son neveu pour lui succéder sur le trône. Décision que le pays n’accepte pas : tout le monde réclame Sigismond comme futur roi. Le jeune prince, délivré, prend la tête du peuple en marche et va au-devant des troupes du roi. Celles-ci sont battues, et Basile, aux pieds de son fils, implore sa grâce. Le roi pense que la menace prédite par les étoiles va se réaliser. Mais Sigismond tend la main à son père : « Vengez-vous sur moi des faux pré­sages du ciel. Je vous offre ma vie. » Le roi Basile, profondé­ment ému, embrasse son fils et le désigne publiquement pour seul héritier du trône. Sigismond, aimé du peuple, s’efforce alors de faire régner la justice pour les grands et les pauvres du royaume.


L’ ÉTRANGER

Albert Camus (1913-1960)

Écrivain français, né à Mondovi, en Algérie. Albert Camus trouva la mort à l’âge de quarante-sept ans, lors d’un accident de voiture. Chef de file de la littérature contemporaine, il laisse une œuvre qui compte, des essais, des romans et des pièces de théâtre. Il reçut en 1957 le Prix Nobel de Littérature. L’Étran­ger, publié en 1942, contient l’essentiel de sa philosophie : l’être humain est perpétuellement aux prises avec l’absurdité de la vie. Beaucoup de romans français de l’après-guerre ont en commun ce thème de l’absurde. (Voir les œuvres de J.-P. Sartre et d’André Malraux.) Mais chez Camus — et sans doute ceci nous le rend-il plus proche — une note plus humaine, plus émue, vibre constamment. Un univers poétique se superpose à l’univers de la réalité.

L’Étranger est écrit à la première personne. Le style direct du narrateur a la sincérité d’une confession. Il se nomme Meursault, vit en Algérie et s’y ennuie. La vie du bureau est morne, l’été suffocant. Rien ne le tire de son apathie. Son indifférence au chevet de sa mère qui vient de mourir scandalise son entourage. Meursault a une maîtresse, Marie, et un cama­rade, Raymond. Un jour, ce dernier invite Meursault et Marie à passer le dimanche sur la plage. Tous trois s’y rendent, suivis par des Arabes qui ont un compte à régler avec Raymond. Soudain, c’est l’attaque, mais elle demeure une simple bagarre. Quelques jours plus tard, Meursault rencontre un des Arabesqui les avaient assaillis. L’homme est armé. Machinalement, et parce qu’il est abruti de chaleur, Meursault braque sur lui le revolver que lui avait confié Raymond et tire. L’Arabe s’écroule. Meursault, arrêté, va être jugé. Il s’aperçoit avec stupeur qu’on le hait — lui qui se montra toujours indifférent à autrui. Tout le monde l’accable : on l’accuse d’être un criminel né, un homme sans cœur. La preuve ? Meursault, au chevet de sa mère morte, fumait et buvait du café au lait. L’accusé sursaute à ces propos et se révolte enfin. Comment peut-on l’accabler, lui qui ne fut jamais ni bon, ni mauvais ? Ces accusations absurdes le mèneront pourtant à la potence ! Au seuil de la mort, il recon­sidère sa vie et plonge en lui-même. Pour la première fois, il sent une communion s’établir entre lui et l’univers. Le sou­venir d’un visage ou d’un paysage, lui donne une émotion indi­cible. Cela ressemble enfin au bonheur : « Je crois, dit Meur­sault, que j’ai dormi, parce que je me suis réveillé avec des étoiles sur le visage… »


DON QUICHOTTE

Miguel de Cervantes Saavedra (1547-1616)

Écrivain espagnol. Sept villes espagnoles ont revendiqué l’honneur d’être reconnues « lieu de naissance » de Miguel de Cervantes. Aujourd’hui, on sait qu’il est né à Alcalá de Henares, en Nouvelle-Castille, et qu’il fit ses études à l’Université locale. Il mena une vie aventureuse, bataillant de la plume aussi bien que de l’épée. Héros de la bataille de Lépante, il y perdit, à la suite d’une blessure, l’usage de sa main gauche. C’est au retour de sa captivité à Alger qu’il se consacra tout entier à la littérature.

Son chef-d’œuvre, Don Quichotte, il commencera à l’écrire dans les cachots de l’Inquisition. La première partie fut publiée en 1605. Un an avant sa mort, en 1615, parut la seconde et dernière partie. Fresque d’une aventure immense, Don Qui­chotte fut souvent comparé à l’Iliade, d’Homère. Ce roman, traduit dans toutes les langues, ravit toujours ses lecteurs quel que soit leur âge. Gustave Flaubert disait : « Je relis en ce moment Don Quichotte. Quel gigantesque bouquin ! Y en a-t-il de plus beau ? » De nombreux auteurs s’en sont inspirés. De nombreux musiciens en ont fait le thème d’opéras, de musiques de ballet, de poèmes symphoniques, d’opéras bouffes. Des pein­tres (Daumier, Picasso), des graveurs, des illustrateurs (Gustave Doré), y ont trouvé le sujet de tableaux ou de planches. La célèbre toile de Miranda attire toujours les foules au Musée du Prado, à Madrid. L’histoire de Don Quichotte est celle d’un gentilhomme de province dont l’esprit s’est enflammé à la lecture de romans de chevalerie ; et cela au point qu’il veut, à son tour, vivre une grande épopée. Muni de vieilles épées, il monte sur sa maigre jument, qu’il baptise « Rossinante ». Le voici, sur les chemins de Castille, flanqué d’un paysan ron­douillard, Sancho Pança, promu au grade d’écuyer et juché sur un âne. Comme tout héros de la Chevalerie, Don Quichotte se choisit une « noble dame de ses pensées ». L’élue, une vul­gaire souillon, se voit affublée par lui du titre de « Dulcinée du Toboso ». C’est pour elle que Don Quichotte décide de se battre. Cependant, il doit être armé « chevalier ». Mais par qui ? Il choisit le patron de l’auberge où il fait sa première halte. Celui-ci est un triste individu qui dépouille Don Quichotte pen­dant sa « veillée d’armes ». Le lendemain, sous les plaisanteries grossières des filles de cuisine et des âniers, l’aubergiste arme « chevalier » notre héros, prosterné devant lui. La cérémonie achevée, Don Quichotte, tout penaud, doit s’enfuir sous une volée de coups de bâton. La première aventure du « Chevalier à la triste figure » sera la bataille qu’il livre aux moulins à vent. Il voit d’ans leur alignement une armée de géants. Vic­torieux, il fonce vers de nouveaux exploits, toujours escorté par Sancho Pança, ce gros ivrogne affalé sur son âne. Le voici attaquant de pauvres moines qu’il prend pour des bandits de grand chemin et un troupeau de brebis dans lequel il voit une armée ennemie. Le but suprême que se fixe Don Quichotte, champion de la liberté, est de purger du mal le pays tout entier, et cela à lui seul. Tout acte noble, chevaleresque — encore que purement imaginé — le remplit de joie. Cependant, le curé et la nièce de notre héros s’ingénient constamment à le faire revenir au bercail. Mais il repart inlassablement sur sa maigre Rossinante escorté par son grotesque écuyer. De nou­velles aventures, plus cruelles encore, attendent notre chevalier. Il est bafoué dans un château, ridiculisé à Barcelone. Meurtri et désabusé, Don Quichotte constate que, loin de lui procurer le bonheur, ses aventures ne lui attirent que des humiliations et des blessures. Lui qui fut toujours animé par des sentiments élevés, le voici soudain amer et désemparé. Le monde lui paraît enfin tel qu’il est : méchant, cruel, laid. Dès lors, le rêve est impossible. Il ne lui reste que la mort aride et solitaire du poète privé de rêves et d’illusions.


L’ANNONCE FAITE À MARIE

Paul Claudel (1868-1955)

Diplomate et écrivain français. Membre de l’Académie fran­çaise. Cette œuvre mystique, d’une pensée très élevée, est généralement considérée comme le chef-d’œuvre de Claudel. « Mystère en quatre actes et un prologue. » Nous y voyons la jeune fille, Violaine, fiancée par la volonté de son père à Jacques Hury. Mais, un jour, elle rencontre Pierre de Craon, le bâtisseur d’églises. Violaine est belle et pure. Cette rencontre la trouble. Pierre de Craon, lui, est bouleversé par la beauté de la jeune fille. Mais il ne peut l’approcher : il a, au flanc, l’horrible plaie de la lèpre. Violaine l’apprend et, dans un élan de pitié, donne à Pierre de Craon le baiser fraternel qui le sauvera, mais qui transmettra à sa propre chair ce terrible mal. Elle pense que Jacques l’aime, l’aimera, même atteinte par la lèpre. Mais non, Jacques Hury l’accuse d’avoir commis le péché de la chair. Monté contre Violaine par la sœur de celle-ci, la noire Mara, il épouse cette dernière et chasse Violaine « la parjure ». La jeune fille ne se défend pas. Son calvaire commence : elle fuit et se réfugie dans une grotte perdue au fond de la forêt. Huit années plus tard, la voici aveugle et sa chair ravagée par la lèpre. C’est alors qu’elle reçoit la visite de sa sœur, la sombre Mara. Elle vient, une fois encore, accuser Violaine, la rendant responsable de la mort de sa petite fille dont elle lui montre le cadavre. Violaine n’ose toucher le corps de l’enfant de ce Jacques qu’elle a tant aimé. Mais bientôt, elle la prend dans ses bras et l’étreint contre elle. L’enfant remue, ouvre enfin les yeux. Mais les yeux de la petite ont changé : ils ont, à présent, la couleur des yeux de Violaine. Mara comprend que ce miracle, au lieu de lui rendre son enfant, fait de celle-ci la fille spirituelle de Violaine. Elle se déchaîne et veut, à jamais, se débarrasser de cette sœur : elle l’enterre vivante sous des feuillages. C’est là que Pierre de Craon, traver­sant la forêt, découvre Violaine. Il la transporte, agonisante, chez lui. Avant de mourir, Violaine avoue son innocence à Jacques Hury qu’elle n’a jamais cessé d’aimer. Puis elle s’éteint, alors que résonne, dans les ruines du monastère, un Angélus animé par les anges. Cette pièce se situe à l’époque des Croisades.


LE CID

Pierre Corneille (1606-1684)

Poète et auteur dramatique français. La première représen­tation du Cid date de 1636. Ce fut, à l’époque, l’événement capital de l’histoire du théâtre. Paris, d’emblée, tint la pièce pour un chef-d’œuvre. Seul Richelieu prit parti contre elle, et les auteurs jaloux de ce succès. Corneille, le premier, dans ce dix-septième siècle rigide et hypocrite — osait traiter de la passion, et enflammer une scène de ses éclats. Étude clinique, de surcroît, de l’amour contrarié par le devoir. C’est tout le génie, et toute la nouveauté du Cid. Cette tragédie, en cinq actes, débute par l’amour partagé de Chimène et de Rodrigue. Mais, soudain, le mariage est impossible. Le père de Chimène, Don Gormas, est jaloux du père de Rodrigue, Don Diègue : le roi Fernand de Castille vient de confier à ce dernier l’éducation de son fils. Don Gormas considère cette nomination de Don Diègue à un poste que lui-même convoitait, comme un affront. Il injurie Don Diègue et le frappe. Celui-ci très âgé, demande à son fils Rodrigue de venger son honneur. Comment Rodrigue peut-il attaquer le père de la jeune fille qu’il aime ? Mais le devoir est plus fort : Rodrigue rencontre Don Gormas, et le tue. Ulcérée, Chimène, — bien que toujours amoureuse de Rodrigue — demande au roi Fernand de punir le meurtrier de son père. Cependant Rodrigue est un héros, il a vaincu les Maures, le roi lui porte une grande estime. Ce refus exaspère Chimène. Au cours d’une rencontre avec Rodrigue (le Cid) les deux amants s’entredéchirent. Rodrigue demande à la jeune fille de lui transpercer, elle-même, le cœur. Elle ne le peut, ni ne peut, d’ailleurs lui cacher l’amour qu’elle lui porte toujours. Mais Rodrigue a tué son père, il faut que justice soit faite. Chimène proclame qu’elle épousera celui qui tuera le Cid. Don Sanche, épris de Chimène, relève le défi : il provoque Rodrigue en duel. Celui-ci, se rendant au combat, fait part à Chimène de sa volonté de périr, afin que sa mort puisse calmer le courroux de la jeune fille. Mais Chimène, déchirée entre le devoir et l’amour, ne supporte pas l’idée de cette mort. Elle adjure Rodrigue d’être vainqueur du combat. C’est Don Sanche qui en revient, présentant son épée à Chimène. La jeune fille croit qu’il a tué Rodrigue, et qu’il aspire dès lors à la récompense : obtenir sa main. Déchirée, elle le chasse et lui crie que c’est Rodrigue qu’elle aimait, qu’elle aimera toujours. Rodrigue paraît : c’est lui le vainqueur, Don Sanche n’était venu que rendre son épée et avouer sa défaite à Chimène. Ivre de joie, la jeune fille donnera libre cours à son amour. Elle épousera le Cid, couvert d’honneur et de gloire, au retour d’un nouveau combat.


LES NUITS

Alfred de Musset (1810-1857)

Poète français, né à Paris. Les premières œuvres de Musset, écrivain précoce — dont la fameuse Ballade à la Lune — sont applaudies par les jeunes romantiques. Pour tous, il est le « ché­rubin du romantisme », fréquentant les plus grands salons litté­raires : celui de Charles Nodier, puis de Victor Hugo. L’extrême raffinement de ses manières et de ses vêtements fait de lui le type même du parfait dandy. Le voici dépeint par Sainte-Beuve : « Fier, la joue en fleur qui gardait encore les roses de l’enfance, il s’avançait, le talon sonnant et l’œil au ciel, comme assuré de sa conquête et tout plein d’orgueil de la vie. » A vingt-trois ans, Musset se disait très blasé. Pourtant il lui man­quait l’expérience de l’amour, et celle du malheur. Les deux allaient à la fois lui venir de sa rencontre avec George Sand. Cette terrible liaison lui inspira Les Nuits, poèmes d’amour parmi les plus célèbres de la littérature française. Musset y mit ses cris et ses sanglots, avec l’intensité et la sincérité d’un enfant qui souffre. Dans La Nuit d’Octobre, le souvenir de son amour perdu est lancinant :

« Va-t'en, retire-toi, spectre de ma maîtresse! Rentre dans ton tombeau, si tu t'en es levé; Laisse-moi pour toujours oublier ma jeunesse, Et, quand je pense à toi, croire que j'ai rêvé! »

Les Nuit de Décembre et Nuit de Mai se font aussi l’écho des hallucinations morbides que lui provoque sa passion. En 1840, le poème Souvenir portera une conclusion au cycle des Nuits. Musset, dans une sorte de bravade tragique, y dit :

« La foudre maintenant peut tomber sur ma tête. Jamais ce souvenir ne peut m'être arraché; Comme le matelot brisé par la tempête. Je m'y tiens attaché. »

ROBINSON CRUSOÉ

Daniel Defoe (1660-1731)

Écrivain anglais, Daniel Defoe forma avec Swift, Addison et Pope, cette phalange de grands écrivains classiques qui firent la gloire de l’époque de la reine Anne. Des quatre, Defoe est le plus universellement populaire. Il était destiné à devenir pasteur. Mais la vie en décida autrement. Il fut tour à tour, marchand de mode, tuilier, employé dans une bonneterie. Puis, attiré par la politique et la littérature, il se lança avec frénésie dans la carrière d’homme de lettres. Il produisit alors plus de deux cents ouvrages dont, seuls, Moll Flanders, Colonel Jack, Journal de l’année de la peste et Robinson Crusoé passèrent à la postérité. Le chef-d’œuvre immortel est, incontestablement, Robinson Crusoé, qui, à travers les siècles, conserve sa puis­sance, sa fraîcheur, et demeure une des grandes œuvres de toujours. Robinson Crusoé, que Defoe écrivit à soixante ans, est l’histoire d’un jeune garçon qui s’enfuit du domicile paternel pour découvrir le monde. Il prend, à Hull, un bateau qui fait naufrage. Robinson sauvé des eaux, prisonnier des pirates, s’évade, échoue au Brésil et y devient négrier. Lors d’un nouveau voyage en mer, un nouveau naufrage fait de lui l’unique survivant. Il atteint, à la nage, une île déserte.

Avec quelques outils sauvés de la catastrophe, notre héros, ingénieux en diable, se construit une case. Il vit des produits de la chasse, laboure la terre, domestique les animaux et se vêt de leurs peaux. Un jour, il perçoit des rumeurs : ce sont des cannibales venus en pirogue d’une terre voisine, et qui, pour châtier un de leurs jeunes compagnons, décident de le dévorer. Robinson charge ses armes, tire sur les cannibales et sauve leur victime. Toute la tribu quitte l’île bruyamment. Voilà donc le jeune garçon adopté par Robinson Crusoé et surnommé par lui Vendredi. Vendredi apprend à se vêtir, à manger propre­ment, à labourer, à chasser, à prier Dieu avec son maître. Civi­lisé fort à propos, Vendredi combattra avec Robinson Crusoé les cannibales qui débarquent à nouveau. Le jeune homme, cette fois, sauvera de leurs griffes son propre père adoptif. La vie, enfin, s’écoulera paisiblement pour Robinson et le fidèle Vendredi pendant plus de vingt-huit ans. Un jour, ils aperçoivent au large un bateau qui s’approche de leurs rives. L’heure est venue pour Robinson de refaire cap vers l’Eu­rope. Vendredi accompagne son maître. Rien ne séparera plus les deux hommes, ni le mariage de Robinson en Angleterre, ni la naissance de ses trois enfants.


OLIVIER TWIST

Charles Dickens (1812-1870)

Écrivain anglais. De tous les grands romanciers britanniques, Dickens est le plus universellement lu. Chacun de ses romans, tragique ou humoristique, jouit de la même popularité : Les aventures de M. Pickwick, Olivier Twist, David Copperfield, Nicolas Nickleby, etc. Dickens eut une enfance particulière­ment pénible. Il travailla dans une fabrique de cirage où il collait des étiquettes pour un salaire de famine. Ses premières nouvelles, publiées au Morning Chronicle, lui valurent un succès immédiat. Aussi, put-il enfin se consacrer à sa passion d’écrire. Olivier Twist traite du monde de la délinquance dans les bas quartiers de Londres. Nous y voyons le jeune Olivier Twist, né de parents inconnus, grandir dans un terrible orphe­linat. Les méthodes d’éducation se limitent aux coups de fouet. Un jour, le jeune garçon s’évade et arrive à Londres. Il est aussi­tôt happé par le vieux Fagin — un personnage de cauchemar —qui dirige une bande de voleurs. Là aussi sévissent le froid, la faim et les coups, si, le soir venu, les jeunes dévoyés ne rap­portent pas un intéressant butin. Olivier tente, en vain, de s’en­fuir. Blessé dans une rixe, il est recueilli et soigné par la bonne Mme Maylie et Rose, sa protégée. Mais la bande ne tarde pas à le reprendre. C’est Nancy, la compagne du sinistre Bill Sikes, — un cambrioleur du groupe — qui voudra sauver Olivier Twist. Elle révélera à Rose que le chef de bande, l’horrible Monks, connaît la famille d’Olivier. Ce jeune garçon est né des amours coupables d’Edwin Leeford et d’Agnes Fleming. C’est l’épouse bafouée de Leeford qui, avant de mourir, demanda à Monks de la venger en faisant du petit Olivier un parfait dévoyé. La malheureuse Nancy, pour avoir trahi ce secret, est assassinée par son ami Bill Sikes. La police recherche le meurtrier et met la main sur toute la bande. Coup de théâtre final : Rose, la protégée de Mme Maylie, se trouve être la sœur d’Agnes Fleming. Donc, Olivier Twist est son neveu. Les deux jeunes gens sont adoptés par le bon et riche M. Brownlow qui avait déjà, lors d’une de ses escapades, recueilli Olivier.


CRIME ET CHÂTIMENT

Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski (1821-1881)

Écrivain russe, né à Moscou. André Gide comparaît Dostoïevski à Balzac. Il disait : « Celui-ci dessine comme David, « celui-là peint comme Rembrandt. Les peintures de Dostoïevski « sont d’un art si puissant et souvent si parfait que, n’y aurait-il « pas derrière elle, autour d’elles, de telles profondeurs de pensée, je crois bien que cet écrivain resterait encore le plus « grand de tous les romanciers ». — Crime et Châtiment fit connaître Dostoïevski au-delà des frontières. Cette œuvre sonde les recoins les plus secrets du cœur humain, les mouve­ments les plus mystérieux de l’âme. Le personnage principal est un jeune étudiant russe, Raskolnikov. La misère l’empêche de poursuivre ses études. La nouvelle du mariage de sa jeune sœur avec un homme riche mais d’une très grande vulgarité ajoute à son désespoir. Celle-ci voit dans cette union le moyen de soustraire leur vieille mère aux déchéances de la pauvreté. Une idée traverse l’esprit de Raskolnikov, et bientôt s’impose : il faut tuer une horrible usurière qui vole, et accule au malheur, ceux qui font appel à ses services. Il ne lui semble pas immoral de s’emparer de ces biens mal acquis pour en faire le bonheur des autres. Halluciné par cette idée, Raskolnikov prépare froidement son plan qui doit le conduire au crime par­fait. Au jour fixé, il se rend chez l’usurière et l’assassine. Il ne trouve dans ses tiroirs que des objets de très peu de prix. C’est donc un crime gratuit. Dès lors commence son calvaire. Il a tué pour rien, mais le voici, quand même, un assassin, pense-t-il. Ce sentiment va de pair avec la conviction qu’il a d’être un justicier car cette horrible femme a acculé trop de pauvres gens à la misère et au suicide. Ce débat intérieur le conduit au délire. Il en a les vertiges, les fièvres. Un soir, il rencontre le juge Petrovitch. Celui-ci le soupçonne-t-il ? Raskolnikov joue au plus fin. Il accompagne Petrovitch dans ses enquêtes, discute des motifs de l’assassinat, émet des hypothèses sur la personnalité de l’éventuel assassin. Il a bientôt le sentiment que le juge lui tend un piège. Il décide, alors, d’avouer son crime pour en expliquer les terribles raisons. Cette perspective, déjà, apaise le jeune homme. Un ouvrier vient également s’accuser du meurtre, et les preuves l’accablent. Raskolnikov se croit désor­mais hors de cause. Mais c’est Sonia ; une jeune fille forcée de se vendre pour nourrir ses petits frères, qui poussera le jeune étudiant à faire des aveux à la police. Raskolnikov aime Sonia, il la sait d’âme pure, malgré le métier qu’elle exerce ; il lui obéit donc. Arrivé chez le juge Petrovitch, celui-ci le reçoit et l’écoute sans surprise : il attendait ses aveux. Dès le premier moment, il avait compris que Raskolnikov était le meurtrier, mais voulait que le jeune homme vînt, de lui-même, se rendre. Condamné, déporté en Sibérie, Raskolnikov — grâce à Sonia qui l’y accompagne — retrouvera lentement une paix inté­rieure. Événements parallèles, remous intérieurs, comme aussi cette atmosphère spécifiquement russe, font partie du récit. Un cabaret enfumé, des relents de vodka, un homme titubant dans la pénombre d’une rue, les pavés luisants de pluie où glisse et agonise un cheval… Ces décors s’intègrent au drame. Ils sont, sans doute, la projection extérieure de la tragédie d’une conscience. Raskolnikov est toujours partagé entre l’idée d’avoir tué, et celle d’avoir agi pour le bien de l’humanité. Ces contradictions qui le déchirent sont, peut-être, son plus grand châtiment


LE CHIEN DES BASKERVILLE

sir Arthur Conan Doyle (1859-1930)

Conan Doyle est le père spirituel du fameux détective ama­teur Sherlock Holmes. Le Chien des Baskerville, est le roman policier le plus significatif de la célèbre série. Ici, le drame se passe dans une bâtisse isolée dans les landes : la maison des Baskerville. Elle a un sort sinistre : dès qu’un des occupants de la maison est prêt de mourir, on entend hurler horriblement un chien. C’est encore une fois Sherlock Holmes avec sa loupe, sa casquette, son manteau à pèlerine légendaire qui découvrira, — avec son fidèle compagnon Watson — qu’un parent déshérité, homme dévoyé, a dressé un chien sauvage à cet usage. Les amateurs de romans policiers se délecteront à la lecture de cet ouvrage qui campe, magistralement, le crime, les astuces de Sherlock Holmes penché sur ses traces, et ces landes fumeuses où se déroule l’action.


LES TROIS MOUSQUETAIRES

Alexandre Dumas père (1802-1870)

Écrivain français. Son grand-père (nommé Davy de la Pailleterie) était un créole de Saint-Domingue, sa grand-mère (qui s’appelait Dumas), une femme de couleur, son père, un général d’Empire qui avait fait carrière sous le nom de Dumas avant de tomber en disgrâce. Né à Villers-Cotterêts, Alexandre, venu tenter sa chance à Paris, se met courageusement à refaire son instruction et son éducation négligées. Seul, et avec un bon goût instinctif, il découvre les plus grands auteurs de la litté­rature mondiale : Schiller, Shakespeare, Walter Scott. Il se prend d’un tel goût pour leurs œuvres qu’il veut, à son tour, écrire. Impatient de créer, Alexandre Dumas produit en toute hâte. Aucune nuance dans les caractères qu’il campe : seul le côté coloré, brillant et bruyant, lui paraît indispensable chez ses héros. Michelet disait : « Alexandre Dumas, puissant et spon­tané, est une force de la nature ! » Cet écrivain prodigieux a laissé quelque trois cents ouvrages. Aidé d’une quantité de collaborateurs, laborieux mais sans génie (des « nègres »), Dumas avait l’art de donner à leurs travaux une marque qui lui était propre. Parmi ses ouvrages les plus connus, notons : Antony, Les Cenci, La chute d’un ange, Le collier de la Reine, Kean (ou Désordre et génie). La Reine Margot, La Tour de Nesle, Henri III et sa Cour, La Dame de Monsoreau, Le Comte de Monte-Cristo, et enfin sa grande trilogie : Les Trois Mousquetaires, Le Vicomte de Bragelonne, Vingt ans après. Les héros des Trois Mousquetaires sont quatre compagnons sans peur et sans reproche : Athos, entré chez les mousquetaires à la suite d’une malheureuse histoire d’amour ; Porthos, le meilleur et le moins malin des quatre ; Aramis, jésuite manqué ; et, le plus fort, d’Artagnan, chef de la bande et héros du récit. Ces quatre amis inséparables, premiers mousquetaires du roi Louis XIII, ferraillent à plaisir contre leurs grands ennemis, les gardes du cardinal de Richelieu. D’Artagnan, l’épée flamboyante au poing, mène seul le combat contre tout un peloton. Il en sort toujours victorieux. Autre grande ennemie des mousquetaires, Milady, espionne au service du car­dinal de Richelieu, fut la première épouse d’Athos. L’intrigue centrale du récit est l’amour que la reine Anne d’Autriche, — épouse de Louis XIII — porte à Buckingham, ambassadeur d’Angleterre. En gage de ses sentiments, Anne d’Autriche a donné à son amant douze ferrets en diamant qui lui avaient été offerts par son royal époux. Le cardinal de Richelieu, qui veut perdre la reine, demande perfidement au roi d’obtenir qu’Anne d’Autriche porte ses ferrets au bal de la Cour. Le roi suit les conseils du cardinal. La pauvre Anne d’Autriche est au désespoir : si les fameux ferrets, qui sont à Londres, ne lui sont pas rendus à temps, le cardinal de Richelieu tiendra la preuve de sa « traîtrise » envers le roi et demandera à celui-ci de la châtier de façon exemplaire. C’est la femme de chambre de la reine, Constance Bonacieux — éprise de d’Artagnan —, qui alertera nos quatre mousquetaires. Ceux-ci, malgré mille dan­gers et péripéties, font cap sur Londres. Trois d’entre eux sont vaincus. D’Artagnan, seul, accomplit sa mission. En dépit des traquenards que lui tendent les espions du cardinal, il rapporte à la reine les ferrets de diamant. Celle-ci, au grand dépit de Richelieu, les exhibe ostensiblement au bal de la Cour.

L’énorme succès des Trois Mousquetaires obligea Alexandre Dumas à donner une suite au récit. Il publia, dans le courant de l’année qui suivit la parution de l’ouvrage, les nouvelles aventures fantastiques des quatre mousquetaires, sous le titre Vingt ans après. Pour clore le cycle, un troisième livre Le Vicomte de Bragelonne, nous décrit, en quatre volumes, la fin des mousquetaires. D’Artagnan, vieilli, a toujours une conduite héroïque. Il mourra, atteint par un boulet de canon. Mais, auparavant, il aura été promu maréchal de France.


POESIES

Paul Éluard (1895-1952)

Poète français. Paul Éluard participa, avec André Breton et Louis Aragon, à la création du groupe surréaliste. Il fut, aussi, un des poètes de la Résistance. Son Rendez-vous allemand (1944) témoigne de cette période passée dans le maquis. Un charme indéfinissable marque l’œuvre poétique d’Éluard. Ses Poésies se font l’écho d’un monde idéal, dans lequel Éluard atteint la vie rêvée ». Il en traduit la pureté par le truchement des mots très simples. Il demande, à leur innocence, le pouvoir d’éterniser le temps et l’amour. Ce langage — propre à Éluard — dégage un charme bouleversant. Nous donnons, en exemple, un extrait de L’Amoureuse :

« Elle est debout sur mes paupières Et ses cheveux sont dans les miens, Elle a la forme de mes mains, Elle a la couleur de mes yeux, Elle s'engloutit dans mon ombre Comme une pierre sur le ciel. (	)
 [Ses rêves] Me font rire, pleurer et rire, Parler, sans avoir rien à dire. »

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