Momox.fr : l’art de voler ses clients

La promesse de site Momox.fr a l’air sympathique : « nous rachetons vos vieux livres, frais de livraison offerts ! ».

En réalité… pas vraiment. Nous allons voir sur un exemple précis comment Momox.fr refuse de réceptionner un seul livre pour justifier le refus de payer l’intégralité du lot expédié par le vendeur.

Prétexte du refus de paiement

A l’origine, nous avons expédier à Momox.fr une commande de 15 articles pour un montant de 40.53€, plus un bonus promotionnel de 4.19€, soit un montant total de 44.72€. La « vente » a été enregistrée le 17 août 2023 sous le numéro 884891481, et expédiée en un seul colis.

On voit qu’un article « Grays Anatomy for Students » pose problème et qu’il est refusé. Pourtant ce livre est en parfait état. Quelles sont les options proposées par Momox.fr ?

Momox.fr propose alors 3 choix au vendeur pour pouvoir résoudre la vente : 

Vendre et faire un don (à qui ?)

Momox.de se la jour humanitaire, on oublierait presque que la société est à but lucratif, icone #coeur :

« Notre objectif est d’offrir une seconde vie à tous les articles, y compris ceux que nous ne pouvons pas ou difficilement revendre. Ainsi, lorsque l’état d’un article refusé est « acceptable », nous ferons une ultime tentative pour essayer de lui trouver un acheteur avant de le recycler. Si nous réussissons, nous ferons un don à une organisation humanitaire. Le montant des dons est calculé sur la base du chiffre d’affaires trimestriel généré par la vente et le recyclage des articles refusés. Cette somme est multipliée par la marge nette de l’année précédente. Nous reversons ensuite ce montant chaque trimestre à des organisations humanitaires (depuis 2021). »

En gros, Momox vend quand même le livre qu’elle a initialement refusé de vous acheter. Aucune information n’est fournie sur les prétendues « associations humanitaires » a qui l’argent est reversée. On ne sait pas non plus combien de livres ont été rejetés sur une année, et combien d’argent aurait été collecté par ce biais.

Recycler et faire un don (à qui ?)

Votre livre ne peut plus être lu ? Qu’à cela ne tienne, Momox.fr le vend une nouvelle fois pour la matière première qu’il contient, icone #coeur :

« Les entreprises avec lesquelles nous travaillons versent des compensations financières pour les matériaux collectés, ce qui nous permet de faire des dons. Leur montant est calculé sur la base du chiffre d’affaires trimestriel généré par la vente et le recyclage des articles refusés. Cette somme est multipliée par la marge nette de l’année précédente. Nous reversons ensuite ce montant chaque trimestre à des organisations humanitaires (depuis 2021) »

Pas d’info sur ces fameuses entreprises chiffonières qui rachète le papier de Momox. Mais, promis juré, le fruit de la vente est utilisé pour faire le bien dans le monde. On ne connait cependant ni le nom de ces entreprises, ni les montants collectés.

Renvoyer à vos frais pour 4€

Là on rentre dans le vif du sujet, si le vendeur veut récupérer sa marchandise, il va devoir passer à la caisse. Fini l’expédition gratuite, fini les associations à but non lucratif et faire le bien dans le monde. Momox.fr vous rappelle qu’il doit quand même générer un profit sur ses opérations, qu’il ne peut pas travailler à perte, et que l’expédition vous sera facturer au prix fort.

« Le renvoi de vos articles engendre des frais supplémentaires, tels que des coûts de traitement, d’expédition et d’assurance du colis. Votre participation aux frais de retour nous permet de couvrir une partie de ces dépenses. Sachez que ce montant (4 euros) est le même, quel que soit le nombre d’articles renvoyés. »

Problème de la manœuvre : à aucun moment de leur CGV, Momox ne mentionne ces frais de 4€.

Réponse du service client Momox.fr : des Conditions Générales de Vente non écrites

Nous posons donc au service la client la question suivante : pourquoi est-ce que ce livre en parfait état a été refusé ?

réponse de KM (medimops) #le nom a été anonymisé

13 sept. 2023, 15:57 UTC+2

Bonjour,

Dans le cas où les articles sont rejetés, les derniers sont contrôlés par deux employés indépendants l’un de l’autre et, bien entendu, ils sont vérifiés selon des directives standardisées. Toutefois, si les deux employés donnent la même évaluation de l’objet, soit qu’un ou plusieurs des articles que vous avez soumis ne sont pas conformes aux conditions d’achat, nous refuserons d’acheter les articles en question.

Par « fortement endommagé », nous entendons également les dédicaces trop imposantes, les marquages tels que les repérages de texte et les autres modifications apportées à l’article qui ne peuvent pas être enléver, comme les autocollants ou les films-protecteurs.

Une documentation de ces éléments sous forme de film ou d’images n’est pas effectuée lors du processus de contrôle. Nous ne pouvons donc pas vous donner de raisons plus précises pour le rejet.

Nous vous demandons donc de bien vouloir comprendre que nous ne pouvons malheureusement pas vous communiquer d’information supplémentaire concernant le rejet. Veuillez donc vous connecter à votre compte utilisateur et y décider directement de la manière dont nous devons traiter des articles rejetés afin que nous puissions clôturer la vente en conséquence.

Cordialement,

KM, Service clients

medimops ist eine Unternehmung der
momox SE
Schreiberhauer Straße 30
10317 Berlin

Bon, et bien voilà, la réponse est claire, Momox.fr n’a pas la moindre idée de la raison pour laquelle un livre en parfait état a été refusé. Mais bien sûr, nous sommes invité, soit à faire don de ce livre pour contribuer à la paix dans la monde, soit à se soulager de la somme de 4€ pour récupérer notre bien.

Echec de la médiation amiable

Pour un escroc, un paramètre clé de réussite consiste à domicilier sa société dans un pays extérieur au marché concerné par l’activité. C’est le cas de Momox.fr, société très lucrative fondée par Heiner Kroke, qui opère en Allemagne, contrée où le droit français ne s’applique pas. Les CGV de Momox.fr sont d’ailleurs plus que light en ce qui concerne les litiges avec les vendeurs arnaqués. Aucune mention d’une adresse de siège sociale ou d’un médiateur quelconque.

Nous ouvrons donc un dossier sur europe-consommateurs.eu, le site qui est supposé régir et coordonnées les interactions entre les différents services de protection du consommateur nationales.

Malheureusement, nous faisons chou blanc, on nous répond gentiment que le confrère allemand a choisi de ne pas répondre, et que donc, le Centre Européen des Consommateurs France ne pouvait plus rien faire pour nous, puisque leur démarche se limite à une tentative amiable.

De : XX <xx@cec-zev.eu>
Envoyé : mercredi 11 octobre 2023 16:30
À : adieucourtier.com
Objet : RE: Votre réclamation ECCFR-85381

Monsieur,

Nous accusons réception de votre email.

Nous avons bien procédé au transfert de votre dossier auprès de nos collègues allemands afin qu’ils prennent contact directement avec le professionnel ou nous informent sur toute autre procédure amiable à votre disposition dans ce dossier. Nous ne pouvons toutefois en aucun cas garantir le succès de quelconque démarche, notre mission étant limitée à la résolution amiable de litiges et nos services ne disposant d’aucun pouvoir judiciaire ou de police pour contraindre quelconque professionnel à coopérer. 

Je ne manquerai pas de vous informer dès tout retour de nos collègues allemands.

Sincères salutations

XX, Juriste

www.europe-consommateurs.eu

Conclusion

Sur une vente de 15 articles, nous n’avons finalement rien reçu. Momox.fr a utilisé un motif fallacieux pour refuser de nous payer l’intégralité des livres expédiées.

Une petite escroquerie made in Germany qui rapporte beaucoup à la société Momox.fr qui déclarait déjà en 2016 plus de 160 millions d’euros de chiffre d’affaire.

Wikipedia fait d’ailleurs allusion à ces pratiques

Les pratiques de Momox sont fortement critiquées par des internautes ayant essayé la revente de livres, certains accusant l’entreprise d’escroquerie14,15,16 : selon de nombreux témoignages, l’entreprise refuserait fréquemment de payer les livres de plus grande valeur qu’elle recevrait en prétextant — à tort — de leur mauvais état, tout en les revendant à son seul profit et à l’insu de leurs propriétaires. Des frais de port prohibitifs dissuaderaient les victimes de récupérer leurs biens.

Les sources citées par l’article Wikipedia sont les suivantes :

Bref, au final on peut se poser la question suivante. Est-ce qu’il vaut mieux se faire arnaquer par une startup allemande cupide, ou bien faire don de ses livres à un membre de sa famille, une association locale d’entraides, ou Emmaüs ?

La question est vite répondue, bis morgen !

Laisser un commentaire

Retour en haut